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Venezuela: vive les chaînes!

par Bernard Tornare 7 Août 2019, 17:06

Illustration: Eventail - Deuil de Ferdinant VII / Le Curieux / http://lecurieux.com/eventails-anciens-antique-hand-fan/eventail-deuil-de-ferdinand-vii-despagne/

Illustration: Eventail - Deuil de Ferdinant VII / Le Curieux / http://lecurieux.com/eventails-anciens-antique-hand-fan/eventail-deuil-de-ferdinand-vii-despagne/

Titre original: ¡Vivan las cadenas!

 

 Par Roger Garcés

 

Vive les chaînes! C'est la devise des absolutistes espagnols de 1814. Lorsque Ferdinand VII revint d'exil, une réception populaire fut organisée à Madrid, au cours de laquelle les chevaux furent décrochés de leur char et remplacés par les gens du village qui les tiraient. On dit que les gens du village criaient "Vivan las caenas".
 

Vidéo illustrative

Dans la guerre d'indépendance de notre patrie, le Venezuela, on dit que " les forces réalistes" [1] dans leur grande majorité n'étaient pas espagnoles, mais vénézuéliennes qui ont défendu la couronne espagnole, c'est pourquoi en termes d'indépendance, on ne parle pas d'une guerre contre l'armée espagnole, mais contre une armée réaliste.

 

Pendant la guerre d'indépendance, une bonne partie de la population vénézuélienne a compris que la subordination de notre nation à la couronne espagnole était normale. Bolivar et l'Ejército Libertador ont été blâmés pour les ravages et les désordres qui étaient inutiles pour beaucoup, et en principe une grande partie des habitants de cette terre ont exprimé leur préférence pour que tout reste comme il était, en échange pour éviter les troubles que les guerres laissent habituellement dans leur sillage... même si cette guerre était celle de leur propre indépendance. (El Regreso de los Realistas, Ronald Muñoz, 26/07/2012, Aporrea.org)

 

Darsy Ribeiro disait que dans la dynamique oppresseur-opprimé, l'opprimé engendrait une dualité dans laquelle, d'une part, il détestait son oppresseur et, d'autre part, il l'aimait. Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'il s'agirait d'une forme d'aliénation ou d'"identification projective". En réalité, ce paradoxe a été décrit par de nombreux auteurs; on dit que le "Capo prigioniero" dans les camps de concentration fascistes italiens qui étaient, entre autres, des juifs qui s'occupaient des juifs, était plus féroce et plus exigeant que les fascistes eux-mêmes. Il y a un "Capo prigioniste" qui, avec une lance, a attaqué les cadavres pour découvrir devant ses oppresseurs si certains de ses compagnons juifs faisaient le mort.

 

La domination impose implacablement et lamentablement ses modèles de conduite. Darcy Ribeiro rapporte également que des enfants sur des navires négriers jouaient à “Capturarse” (Se capturer).

 

Aujourd'hui, l'impérialisme a progressé en termes de stratégie d'"encerclement et d'annihilation", comme l'appellerait le président Mao, a bloqué le Venezuela et gelé ses avoirs. Il a fait la même chose avec la Libye de Mouammar Kadhafi avant l'invasion.

 

Nous ne devrions pas être surpris par le vol, c'est une pratique courante des empires. Ce qui va nous surprendre, c'est le nombre de personnes qui vont soutenir ces mesures, qui vont soutenir l'invasion, qui vont continuer à crier "Vivan las caenas", qui vont jouer à "Capturarse" en alertant les troupes des gringos pour leur montrer où sont les maisons des chavistes.  Bien sûr, ils le feront quand ils verront les patrouilles des "marines" se déplacer dans les "Humvees" et ils continueront probablement à le faire quand il n'y aura plus de bâtiments debout dans le bloc entier. Et bien sûr, ils continueront aussi à blâmer Maduro quand les bombes tomberont.

 

Chto Dielats? (Que faire?) Lénine s'interrogea en 1902 et donna des directives spécifiques. Le président Mao, qui lançait en 1949 un titre intitulé: "Débarrassez-vous des illusions et préparez-vous à la lutte", la ligue socialiste l'a bien compris dans les années 70 et en unissant les deux titres qu'elle a concrétisés ce à quoi les événements actuels nous appellent.  Serrat termine son poème "Padre" (Père) en disant : “Padre deje usted de llorar, que nos han declarado la guerra” (Père, arrête de pleurer, ils nous ont déclaré la guerre).

 

Traduction Bernard Tornare

 

Source en espagnol

 

[1] NdT: Réalisme, dans ce cas, est toute opinion ou doctrine favorable à la monarchie (aux rois): "A l’époque coloniale, les forces du réalisme se confrontaient aux mouvements indépendantistes de l’Amérique Latine dans de sanglantes batailles. 

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