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Amérique latine: étrangers dans leur propre maison

par Bernard Tornare 6 Août 2019, 17:36

Amérique latine: étrangers dans leur propre maison

Titre original de l'article: Extraños en su propia casa

 

Par Carolina Vásquez Araya


La position hégémonique d'un seul pays a transformé les Amériques en territoire hostile.

 

La politique étrangère des Etats-Unis est claire et ferme: depuis sa frontière sud, tout ce qui bouge doit répondre à ses règles et règlements. A cette fin, elle a imprégné les systèmes politiques de telle sorte qu'il n'y a pas une seule élection de gouvernements au-delà de sa volonté, ni un mouvement pour l'indépendance qui échappe à ses menaces et interventions. Et quand il y en a un, il y a le coup de massue pour détruire à la racine toute tentative de dissidence. C'est pourquoi la décision unilatérale - parce que la faiblesse de certains Etats le permet - de faire du Guatemala, pays d'Amérique centrale appauvri à l'extrême par la corruption et dépourvu de santé institutionnelle, un grand ghetto pour empêcher l'entrée sur son territoire des populations migrantes, ne devrait pas être une surprise.

 

Facile. Il a suffi d'un coup de poing sur la Constitution d'un pays dépendant et de la soumission de dirigeants mal informés pour que le pire des cauchemars humanitaires devienne réalité. Toutefois, ces initiatives du département d'Etat ne sont pas nouvelles. Pendant plus de 100 ans, ce pays s'est distingué pour avoir exercé une politique internationale prédatrice à l'égard des nations moins agressives, dans tous les coins de la planète. Cela lui a permis non seulement d'accumuler des richesses, mais aussi d'exercer une domination illégitime sur les systèmes politiques d'autres pays en proposant et finançant des armées parallèles, des dictatures et des coups d'Etat dans le seul but de consolider son influence et de garantir les privilèges de ses monopoles industriels et financiers.

 

Les résultats sont évidents. Pourtant, malgré cela, ce ne sont pas ceux qui, éblouis par l'éclat d'un capitalisme incompris et mal pratiqué, luttent au sein de leur pays pour défendre la souveraineté d'un capitalisme plus puissant et moins solidaire. Quel en a été le résultat? La dépendance économique, le racisme, l'exclusion d'une grande partie de la population, l'extrême pauvreté et une course stérile vers un développement qui - dans ces conditions - ne sera jamais atteint.

 

L'Amérique latine est déjà en passe de devenir un territoire hostile pour les Latino-Américains. Les nations qui, dans le passé, étaient le refuge des migrants européens et asiatiques, voient aujourd'hui avec mépris et rejet leurs propres frères et sœurs qui, en proie à la violence et au manque d'opportunités dans leurs pays d'origine - comme les Européens au milieu du siècle dernier - cherchent refuge dans d'autres pays, mais dans leur propre continent. En fait, les attitudes xénophobes et les restrictions migratoires se sont multipliées comme un miroir des politiques racistes de la Maison-Blanche et aujourd'hui, qui est pauvre et nécessiteux, est un étranger indésirable dans son propre pays.

 

Qu'est devenue la mystique de Simon Bolivar, le Libérateur, qui rêvait d'une Amérique libre et souveraine, mais surtout unie: comment a-t-on pu transformer des pays démocratiques en bureaux d'entreprises multinationales et "encomenderos" d'un Etat qui favorise leur destruction en corrompant leurs structures politiques et administratives? Les attitudes racistes et d'exclusion à l'égard des populations autochtones, l'un de nos grands maux, se sont répandues comme une tache d'huile envers la population la plus pauvre et la moins protégée, transformant les pays en territoire hostile pour ceux qui y sont nés, les privant des ressources fondamentales de survie et de ce qui est le plus précieux pour tout citoyen du monde: leur sens de l'appartenance.

 

AUCUN LATINO-AMERICAIN N'EST ÉTRANGER SUR SON PROPRE CONTINENT.

 

Traduction Bernard Tornare

 

Source en espagnol

 

Carolina Vásquez Araya est journaliste et éditrice avec plus de 30 ans d'expérience, avec des réalisations professionnelles dans le développement de projets couronnés de succès qui confirment ses qualités de leadership, de créativité et de relations publiques. Elle a apporté ses connaissances dans des projets d'organisations dont les intérêts sont orientés vers le développement social, culturel et économique du pays, en particulier dans les secteurs de la culture et de l'éducation, de l'entrepreneuriat, des droits humains, de la justice, de l'environnement, des femmes et des enfants. Chilienne, elle vit au Guatemala.

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