Blog politique de réflexion et d'information de Bernard Tornare orienté en grande partie vers l'Amérique latine, principalement sur le thème de la Révolution bolivarienne au Venezuela. Selon l'actualité, cependant, d'autres sujets peuvent y être abordés. Ce blog n'est pas neutre. Malgré sa partialité et son inclination idéologique, il essaye d'être objectif.

La brièveté de la vie

par Bernard Tornare 22 Mai 2022, 16:34

Image d'Illustration : “Manifestación y desocupación” (1934), du peintre Argentin Antonio Berni.

Par Carolina Vásquez Araya

Ce que les statistiques ne montrent pas : les effets durables de l'extrême pauvreté.

L'Amérique latine est un continent riche. Nous le savons lorsque les médias nous montrent la prospérité des plus puissants et la manière astucieusement légalisée dont ils s'approprient les ressources vitales - telles que l'eau, la terre et les minéraux - pour les exploiter et construire leurs grands empires. Tout cela est soutenu par la dépendance économique des secteurs les plus démunis. Les gouvernements, quant à eux, sont leurs alliés inconditionnels, ayant pris le contrôle des centres de contrôle politique grâce à des lois casuistiques dans lesquelles il n'existe aucune limite au financement des campagnes ou à la manipulation de la justice. Tapies dans l'ombre, les organisations criminelles profitent de ce système unique.

Dans ces paradis de la corruption, les plus touchés sont les enfants et les adolescents dont l'existence ne marque pas les priorités dans les agendas politiques. Utilisés comme un outil émotionnel dans les propositions électorales, ils sont relégués au bas de l'échelle des programmes gouvernementaux car, de toute évidence, ils n'ont ni voix ni vote en tant que membres de la société. Cette négligence a des conséquences à long terme ; l'une d'elles est que des milliers d'enfants, condamnés à la malnutrition, à la perte de leurs capacités physiques et mentales, à la violence dérivée de leur environnement misérable, sont exposés à une vie courte. En plus de ceux qui périssent par manque de nutriments, il y en a beaucoup d'autres qui, de ce fait, se retrouvent comme main-d'œuvre bon marché sans aucune chance d'avancement dans la vie.

La réponse à une question aussi évidente réside dans le système politique et la manière dont l'État est administré. La perspective politique n'a pas suffisamment mûri pour consolider les politiques publiques fondamentales et présente de fortes déficiences dans sa vision humanitaire, ou ce que vous voulez appeler le sens le plus élémentaire de la responsabilité en ce qui concerne les obligations envers la population qui a le plus besoin d'aide. En général, le discours politique typique sur la malnutrition infantile se réduit à montrer des chiffres et à se montrer satisfait si le pourcentage est inférieur d'un ou deux points à celui de l'année précédente ; ainsi, souligner des progrès insignifiants leur semble être un succès, même lorsque le nombre d'enfants morts ne donne aucun signe de disparition.

On suppose qu'après tant d'études élaborées par les organisations internationales, les secrétariats, les commissions et les experts engagés pour mettre en œuvre les plans, il pourrait désormais exister des programmes de tolérance zéro bien structurés contre la malnutrition chronique au niveau continental, ainsi que des allocations de ressources efficaces et transparentes, avec des actions orientées vers l'amélioration des politiques de développement durable dans les zones les plus touchées.

Les critères de développement - dans les pays dont la richesse est aussi vaste que leurs secteurs de pauvreté - devraient être étayés par des indicateurs valables et techniquement solides sur les politiques visant à éradiquer la dénutrition chronique des enfants. À cette fin, les programmes d'assistance alimentaire doivent être indépendants des stratégies de propagande des gouvernements et travailler en collaboration avec les organisations de la société civile qui en sont les garants. La société, si elle s'implique et se défait de ses préjugés, serait en mesure de changer cette réalité effroyable pour les enfants.

La faim n'est pas une malédiction, c'est un produit de la corruption de ceux qui sont au pouvoir.

Traduction Bernard Tornare

Source en espagnol