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Image d’illustration : Des tanks israéliens manoeuvrent dans la bande de Gaza. (Crédits : Reuters)
Par leur complicité avec l'action génocidaire d'Israël, les puissances occidentales sont en cohérence avec leur passé, mais surtout elles indiquent une direction future.
Au-delà du cruel massacre génocidaire en cours, le plus terrible dans ce qui se passe sous nos yeux à Gaza, c'est qu'il offre une perspective d'avenir. L'attitude des gouvernements occidentaux, de leurs médias et de leurs propagandistes contient un avertissement clair sur la manière dont la partie privilégiée de ce monde peut résoudre l'impasse dans laquelle le système capitaliste qu'ils ont inventé et défendu nous a conduits au cours de ce siècle.
Le président colombien, Gustavo Petro, y a fait référence en soulignant que
"ce que la puissance militaire barbare du Nord a déchaîné sur le peuple palestinien est le prélude de ce qui sera déchaîné sur tous les peuples du Sud lorsque la crise climatique nous laissera sans eau ; le prélude de ce qui sera déchaîné sur l'exode des personnes qui, par centaines de millions, iront du Sud vers le Nord".
La solution est celle utilisée depuis des siècles par les mêmes puissances qui craignent aujourd'hui d'être déplacées du pont de commandement : décimer les populations et s'emparer des ressources par la guerre.
En l'absence de "nouveaux mondes" vers lesquels exporter des excédents démographiques et des métabolismes vitaux insoutenables et incompatibles avec le principe d'égalité entre les êtres humains, l'horizon est de créer des îlots de bien-être et de droits strictement protégés par des armées et des marines pour, disons, 20 % de la population mondiale, et de confiner le reste dans des zones humainement et écologiquement désastreuses. Pour ceux qui tentent de s'échapper de ces zones, des murs, des fusillades et des naufrages (28 000 morts depuis 2014 rien qu'en Méditerranée, comme un avant-goût de ce qu'annonce la grande émigration environnementale). Un Gaza planétaire.
Comme l'a observé Immanuel Wallerstein, ce plan n'est pas très différent de celui que Hitler et ses contemporains avaient en tête. Ce dont nous sommes témoins ces jours-ci, non seulement le massacre, mais aussi son traitement politique et médiatique, et pas seulement aux États-Unis, mais aussi dans les pays membres de l'UE comme la France et l'Allemagne, nous rappelle que ce modus operandi est parfaitement compatible avec les "valeurs européennes" et toute la boîte à outils sémantique de la "démocratie", de "l'ordre fondé sur des règles" et des desseins de la "communauté internationale", totalement discréditée en dehors des frontières géographiques de la minorité aveugle qui la manie.
Le colonialisme a répandu la civilisation par le génocide, parfaitement compatible avec les Lumières, la séparation des pouvoirs et le parlementarisme. L'humanisme de la Renaissance était avec les guerres de religion et Auschwitz avec la "grande culture" allemande. Pourquoi la série ne pourrait-elle pas se poursuivre aujourd'hui ?
La négation du principe d'égalité entre les êtres humains, la réduction des dominés à une condition animale, est destinée à fonctionner aujourd'hui à Gaza comme elle a fonctionné auparavant pour l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine. Le problème en ce jour est que cette continuité avec les siècles passés est perçue comme un anachronisme inacceptable par la majorité de la population mondiale.
Cette "première fusion de la violence coloniale et génocidaire de la vieille école avec des armes lourdes de pointe", cet "amalgame tordu du 17e et du 21e siècle, emballé et enveloppé dans un langage qui rappelle les temps primitifs et des scènes bibliques tonitruantes impliquant la défaite de peuples entiers : les Jébusiens, les Amélites, les Cananéens et, bien sûr, les Philistins", selon les termes de Saree Makdisi, est est un défi à l'humanité et à l'intelligence.
Le principe d'égalité entre les êtres humains est la valeur universelle qui décidera de l'avenir du monde. Continuer à ignorer ce principe au XXIe siècle, comme par le passé, condamne l'humanité au désastre. Ce qui se passe aujourd'hui en Palestine est cohérent avec l'histoire de l'Occident depuis cinq cents ans, mais surtout il met en garde contre sa viabilité en tant que programme pour l'avenir.
Traduction Bernard Tornare
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Rafael Poch-de-Feliu est un journaliste et écrivain espagnol, spécialisé dans la politique internationale, la Russie, l'Allemagne et la Chine.
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