Blog politique de réflexion et d'information de Bernard Tornare orienté en grande partie vers l'Amérique latine, principalement sur le thème de la Révolution bolivarienne au Venezuela. Selon l'actualité, cependant, d'autres sujets peuvent y être abordés. Ce blog n'est pas neutre. Malgré sa partialité et son inclination idéologique, il essaye d'être objectif.

Sur l'escalade, la désescalade et la dissuasion

par Bernard Tornare 19 Septembre 2023, 14:17

Il est généralement possible de désamorcer les situations tendues simplement en discutant.

Par Caitlin Johnstone

Un jeune homme très confus et en détresse est entré dans notre maison dimanche et a commencé à agir de manière désordonnée. Il souffrait manifestement d'une grave maladie mentale, probablement de schizophrénie. D'après ses vêtements élégants et son apparence échevelée, je suppose qu'il avait une maison quelque part, mais qu'il était dans la rue depuis quelques jours.

Mon mari Tim a commencé à lui parler et à essayer de comprendre comment l'aider. Mais lorsque Tim a essayé de l'accompagner à l'extérieur, l'homme lui a claqué la porte au nez et a commencé à parler de " rabatteurs " et à dire que Tim était un pédophile.

L'homme était trop confus pour comprendre comment fermer la porte à clé, alors il s'est juste appuyé contre la porte pour empêcher Tim d'entrer. Tim est un grand gaillard et un pratiquant d'arts martiaux entraîné. Il aurait pu forcer l'entrée et maîtriser l'homme, mais il a également travaillé dans un établissement psychiatrique pendant des années et a compris que cela aurait inutilement envenimé une situation qui aurait probablement pu être désamorcée pacifiquement.

Tim est passé par l'arrière, là où je venais de rencontrer l'homme, et m'a expliqué la situation d'une manière calme et amicale qui ne risquait pas d'agiter notre invité inattendu. Ma famille lui a parlé pendant une minute et il s'est un peu détendu, puis il est parti sans faire d'histoires.

C'était un aperçu intéressant de cette dynamique d'escalade et de désescalade que nous voyons se dérouler partout dans le monde de diverses manières, depuis les interactions individuelles de la police avec le public jusqu'aux conflits à grande échelle entre les puissances mondiales. Un policier utilise la force contre quelqu'un au nom de la neutralisation d'une menace, la personne devient agitée par cette escalade, commence à se défendre et se fait tuer par le policier. Une superpuissance commence à amasser des machines de guerre près de la frontière de son rival géopolitique dans le but de dissuader ce dernier de se comporter de manière agressive. Alors le rival réagit de manière agressive à cette menace.

Toute personne, quel que soit son niveau de santé mentale, se sentira menacée lorsque des armes seront pointées sur elle ou que des actes de violence lui seront adressés. La personne qui pointe les armes ou dirige la violence peut sincèrement penser qu'elle ne fait que se défendre, alors que l'autre partie pense la même chose et peut réagir avec agressivité à cette escalade parce qu'elle a l'impression d'avoir été placée dans une situation de combat ou de mort.

Nous savons que c'est ce qui s'est passé en Ukraine. Nous savons que c'est ce qui se passe à nouveau avec Taïwan, alors que nous apprenons que la Chine renforce la présence de ses forces aériennes autour de l'île en réponse à l'intimité militaire croissante de Taipei avec les États-Unis. Il n'est plus sérieusement discutable que la stratégie consistant à entourer une nation puissante de machines de guerre au nom de la "dissuasion" est en fait extrêmement provocante et conduit à la guerre.

Les faits sont là et l'affaire est close : l'accumulation de menaces à proximité des frontières de nations puissantes a un effet d'escalade plutôt que de désescalade. C'est vrai pour la Russie et la Chine, et l'histoire nous a montré que c'est également vrai pour les États-Unis ; la dernière fois qu'une menace militaire crédible a été placée près de la frontière américaine, les États-Unis ont réagi de manière si agressive que le monde a failli s'écrouler. Si vous soutenez toujours cette fausse stratégie de "dissuasion" à ce stade, alors que toutes les preuves sont réunies, vous n'êtes qu'un belliciste qui veut la guerre.

Il y a un temps et un lieu pour la violence, mais cette ligne est extrêmement éloignée de l'endroit où la plupart des gens ont tendance à la tracer. La violence et la menace de violence devraient toujours être un dernier recours, utilisé uniquement en cas de légitime défense. Or, nous voyons la police tirer sur des personnes qui bougent un peu bizarrement et l'empire le plus puissant qui ait jamais existé mener des guerres d'agression constantes et accumuler de plus en plus de machines de guerre aux frontières de ses deux principaux adversaires géopolitiques.

Ce n'est pas ce qui devrait se passer. Ce qui devrait se produire, c'est la diplomatie, la désescalade et la détente, l'objectif ultime étant un monde dans lequel les gouvernements travaillent ensemble pour le bien de tous. Il n'y a aucune raison valable pour que cela ne se produise pas.

Il est généralement possible de désamorcer des situations tendues simplement en discutant. Cela peut se produire entre des puissances mondiales, dans le cadre d'interactions policières ou lorsqu'un malade mental pénètre accidentellement dans votre maison.

Traduction Bernard Tornare

Source en anglais

Caitlin Johnstone est une écrivaine et journaliste indépendante de Melbourne, en Australie.

Elle est connue pour ses articles et essais publiés sur son site web et sur plusieurs autres sites web d'actualités. Elle a également publié plusieurs livres.