Blog politique de réflexion et d'information de Bernard Tornare orienté en grande partie vers l'Amérique latine, principalement sur le thème de la Révolution bolivarienne au Venezuela. Selon l'actualité, cependant, d'autres sujets peuvent y être abordés. Ce blog n'est pas neutre. Malgré sa partialité et son inclination idéologique, il essaye d'être objectif.

L'invisibilité des peuples

par Bernard Tornare 30 Juillet 2023, 20:42

Par Carolina Vásquez Araya

Ce n'est pas seulement sur notre continent, les peuples du monde n'ont jamais été autant ignorés.

Les abus constants des grandes entreprises, avec la complicité ouverte d'un système néolibéral déguisé en développement, ont transformé la politique internationale en un sinistre jeu de pouvoir dans lequel la vie humaine a cessé d'exister en tant que facteur de décision. Ce cadre, dont les limites se réduisent à la poursuite incessante de la concentration des richesses, a fait de la planète un champ de bataille où s'impose une stratégie d'extermination. Dans ce contexte, le phénomène de la migration ne se réduit pas à la fuite de la violence ou à la recherche de meilleures opportunités - comme certains voudraient le faire croire - mais à la nécessité urgente de préserver la vie.

Les gouvernements, surtout dans les pays les plus développés, cherchent à criminaliser les immenses mouvements d'êtres humains déplacés de leur territoire. Ils leur reprochent de fuir les guerres que ces mêmes pays ont provoquées, sans autre excuse que le pillage de leurs richesses. Ils les diabolisent pour avoir eu l'audace de protéger leurs familles contre l'invasion perverse de leurs territoires et la destruction de leur habitat. Ces pays développés qui accumulent les privilèges de la main droite tout en dévastant des continents entiers de la main gauche ont rendu les peuples invisibles et leur ont ôté leur dignité.

Les droits de l'homme, malgré toutes les conventions, les traités et les discours qui prétendent protéger une idée abstraite et dépassée de leur respect absolu, sont violés à grande échelle par un système apparemment légal dont le but est de transformer le monde en un territoire ouvert au pillage et à l'exclusion des grandes majorités. Sur cette planète, la vie et la survie ne tiennent qu'à un fil ; l'avidité irrésistible de groupes puissants - tels que l'industrie pharmaceutique, l'industrie minière et pétrolière, les entreprises qui se sont emparées de l'eau et des océans - a transformé l'humanité en ressource ou en obstacle, en fonction de leurs intérêts mesquins, et lui a refusé le protagonisme que lui confère sa nature.

Avec le plus grand cynisme, ils tentent de nous faire croire à la légitimité de leurs prétendus droits et que les nôtres - en tant que personnes que nous sommes - n'existent plus. Ils nous inoculent des virus pour développer des vaccins qui gonfleront leurs caisses déjà bien remplies, ils nous convainquent que l'immigration est illégale, ils veulent nous soumettre et nous faire taire par la répression et, grâce à tout cela, ils sont en train de définir un monde à leur convenance. Les pays les plus développés, grâce à notre héritage - l'Afrique et l'Amérique - méprisent notre culture, notre couleur et notre droit de vivre à l'abri de leurs invasions et loin de leur industrie de guerre.

Ils nous condamnent comme un obstacle à leurs plans d'exploitation et placent dans nos gouvernements des êtres corrompus et criminels, des individus dociles capables de livrer leurs nations en échange de pots-de-vin. Pour ce faire, ils assassinent les dirigeants dont la conscience s'oppose à leurs intentions. Nous avons ainsi traversé une histoire pleine de pertes, une histoire qui nous a laissé de profondes cicatrices et des peurs si profondes qu'elles paralysent et conditionnent l'esprit. Ces peuples, invisibles aux yeux des grandes puissances économiques et politiques, sont la force vive indispensable pour redresser la barre.

Nous avons traversé une histoire de pertes, une chronologie douloureuse.

Traduction Bernard Tornare

Source en espagnol