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Honduras : repenser et redéfinir l'appareil d'État

par Bernard Tornare 24 Mars 2022, 14:17

Le nouveau drapeau, turquoise et blanc, qui est utilisé depuis le 27 janvier 2022 , jour de l' investiture de Xiomara Castro.

Le nouveau drapeau, turquoise et blanc, qui est utilisé depuis le 27 janvier 2022 , jour de l' investiture de Xiomara Castro.


Par Gilberto Ríos Munguía 

 

Nous avons trouvé ce dont nous avions averti dès le coup d'État : une bande de trafiquants de drogue alliée à des secteurs de l'oligarchie du pays - principalement l'oligarchie financière - a organisé le pillage et la dénaturalisation des institutions publiques. Ils ont systématiquement détruit le rôle de l'État, notamment dans son engagement envers les secteurs populaires et créé des réseaux de complicité dans tout le pays. Cela a eu un coût que les institutions financières internationales ont soutenu en complicité avec certaines banques nationales qui ont augmenté leur capital de façon fabuleuse au cours des douze dernières années.

 

Pendant que Porfirio Lobo et Juan Orlando Hernández jouaient aux présidents, les pouvoirs économiques en relation de subordination avec les pouvoirs du grand capital transnational, essentiellement colombien, américain et israélien, ont conspiré pour créer l'industrie du Parti national afin de piller l'État hondurien. (Sans avoir trouvé jusqu'à présent une seule institution dans laquelle les ressources perdues, les augmentations injustifiées, le personnel surnuméraire, l'absence de planification, de rapports ou de résultats, etc. ne se comptent pas par millions). Selon Ricardo Zúniga, envoyé du département d'État nord-américain pour le "Triangle du Nord", au Honduras, plus de 3 000 millions de dollars par an sont perdus à cause de la corruption, soit 12 % du PIB.

 

La présidente Xiomara Castro s'attache à réformer toutes les institutions, à les sauver et à leur donner un nouveau sens. Dans la plupart des bureaux, les budgets ont à peine été ajustés en cinquante jours de gouvernement, afin d'intégrer les équipes de gestion et de poursuivre la passation des pouvoirs. Les pièges sont partout ; les embauches de dernière minute, les conventions collectives irrégulières et les nombreuses augmentations fantaisistes et "sélectives" ont laissé une administration publique déformée, grotesque, très éloignée des intérêts de la population.

 

Pendant ce temps, d'autres forces non moins méprisables sont les forces internes de l'opposition, où certaines manifestations tentent déjà de se différencier du projet de refondation du pays, en faisant connaître leur nature conservatrice ; certains pointent même du doigt la Libre pour la situation actuelle de l'État hondurien, d'autres plus proches des secteurs explicitement conservateurs qui contrôlent les médias et parient sur l'arrêt de la présidente Xiomara lorsqu'elle s'approche des lignes rouges, ces frontières où le bien commun se heurte aux intérêts de l'élite.

 

L'administration Biden est tiraillée entre la Troisième Guerre mondiale, la perte accélérée de l'hégémonie impériale et une réélection lointaine ; Poutine s'impose militairement sous leur nez et devant l'Europe, qui a une position ambiguë mais obéit finalement aux puissances occidentales. Dans notre région, ils s'inquiètent de l'avancée commerciale et diplomatique de la Chine et au Honduras, ils sont plus préoccupés par l'instabilité politique et la crise économique, qui pourraient à tout moment provoquer une nouvelle vague de migration qui contribuerait également à évincer l'occupant de la Maison Blanche, très probablement pour remettre le pouvoir à Trump.

 

Au moment où l'administration Biden manifeste son soutien à la transition gouvernementale, elle se retrouve quotidiennement sous les feux de l'actualité pour les extraditions de l'ancien président Juan Orlando Hernández, des membres de son cartel de la drogue et des hauts dirigeants de son parti. La conscience nationale attend avec impatience l'arrivée de la Commission internationale contre l'impunité au Honduras (CICIH), que le gouvernement de Xiomara Castro a déjà demandée aux Nations unies ; en même temps, la grande attente est de savoir ce qu'il adviendra de la Cour suprême de justice et du ministère public, qui ont également été dirigés par la même élite criminelle. Les Américains les extraderont-ils aussi ?

 

La crise héritée du secteur énergétique du pays et son complément dû à la guerre russo-occidentale ne laissent pas présager une reprise immédiate de l'économie nationale, c'est le moins que l'on puisse dire. Cependant, sans être trop optimiste, une fois le contrôle de l'appareil d'État repris, on pourra constater les différences substantielles entre la vision néolibérale de l'oligarchie et du capital transnational et la vision et l'engagement du socialisme démocratique promu par le gouvernement de Xiomara Castro.

 

Traduction Bernard Tornare

 

Source en espagnol
 

Gilberto Ríos Munguía est dirigeant du parti Libertad y Refundación.

 

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