Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Anatomie des fausses nouvelles contre le Venezuela

par Bernard Tornare 26 Avril 2019, 12:32

Anatomie des fausses nouvelles contre le Venezuela
Par Ismael Hernández Lujano

 

Nous savons que nous ne devrions pas diffuser les fausses nouvelles de la droite, mais nous voudrions donner un exemple de la manière dont les fausses nouvelles sont produites et qui seront ensuite répétées par des milliers ou des millions de personnes sans esprit critique. Analysons la note intitulée "Nicolás Maduro menace de lancer des missiles en Espagne et aux Etats-Unis" ( https://noticiasopinion.com/maduro-amenaza-misiles/ ) (Extrait 10-02-19).


Analysons cela en plusieurs parties:

 

1. Il est dit que Maduro "menace" de lancer des missiles sur l'Espagne et les Etats-Unis. Le mot n'est pas fortuit. Quand il s'agit de Maduro ou d'un dirigeant qui n'est pas au goût de l'impérialisme, ils ne disent pas "Maduro annonce", "Maduro avertit", "Maduro assure", non, ils disent toujours "menace" parce que cette menace est caractéristique des dictateurs autoritaires et c'est l'image qu'ils essaient de renforcer. Je mets les lecteurs au défi de trouver une seule note qui associe Trump, Guaido, Duque ou Pedro Sanchez au mot " menacer " ; de trouver une note comme " Trump menace le Venezuela avec une intervention militaire " ou " Guaido menace d'appeler les élections, " Duque menace de proposer son territoire aux soldats gringo " ou " Pedro Sanchez menace de reconnaître Guaido si Maduro ne déclenche pas des élections dans une semaine. Tout au plus, ils en trouveront un ou deux, ou pas un du tout. Quand il s'agit de ces autres personnages, des dirigeants impérialistes ou de leurs laquais, la presse hégémonique n'écrira jamais qu'ils menacent, ils diront qu'ils "préviennent", "annoncent", "assurent", et ainsi de suite.

 

2. Quand on lit " lancer des missiles sur l'Espagne et les Etats-Unis ", on comprend qu'ils seront lancés sur le gringo et le territoire espagnol et immédiatement on imagine un scénario de destruction avec la mort de civils innocents ; mais quand on lit la note, elle ne dit pas cela, elle dit, en citant Maduro : " Nous allons déployer tout notre système d'armes, l'artillerie, tout notre système de " missile ". Le président vénézuélien a dit à plusieurs reprises que le Venezuela dispose d'un système de défense antimissile complet pour intercepter les avions ou les missiles lancés contre le territoire vénézuélien, mais il n'a jamais dit que son armée avait ou voulait utiliser des missiles offensifs, qu'elle voulait bombarder le territoire d'un autre pays. Cependant, les déclarations de Maduro sont prises de manière incomplète et hors contexte, et le "contexte" est fourni par le titre; avec lequel beaucoup de gens pensent déjà que Maduro "menace" de bombarder d'autres pays. Ainsi, le monde est à l'envers: l'annonce d'une action purement défensive du gouvernement vénézuélien est présentée par les médias comme la menace d'une action offensive... typique des dictateurs criminels. C'est ainsi que se tisse la justification de l'intervention: "Maduro est un fou qui menace la paix mondiale, comme Kim Jong-un! Il faut l'arrêter! Allez, que vienne l'intervention gringa au Venezuela!

 

Il ne s'agit pas seulement de présenter Maduro comme un dictateur qui menace d'autres pays (et de là à dire qu'il menace la paix mondiale, il n'y a qu'un pas) ; il s'agit aussi de le présenter comme un type ridicule, délirant et hors réalité, car il est évident pour tous que l'armée vénézuélienne ne peut attaquer le territoire espagnol ou américain. L'objectif de la note est de renforcer le cliché du dictateur excentrique, plein de manies, d'illusions de grandeur... raison pour laquelle il n'est pas qualifié pour diriger un pays, c'est la conclusion que les médias induisent chez leurs lecteurs: Maduro est un fou malade avec pouvoir, donc il ne peut plus diriger le pays et doit être remplacé par Guaido.

 

D'où viennent les fausses nouvelles? Trouvons l'origine de celle-ci. 

 

En premier lieu, le site qui le publie n'a ni trajectoire ni reconnaissance, et si l'on regarde toutes ses actualités, la grande majorité est consacrée au Venezuela avec un regard franchement négatif. Pour le reste, l'autre nouvelle parle de la Colombie, on peut donc en déduire que c'est un site colombien. 

 

Ils disent que la source de sa note est "EFE", font-ils référence à l'agence de presse espagnole EFE? Eh bien, si vous consultez le site d'EFE ( https://www.efe.com/efe/espana/1 ), vous ne trouverez aucune note disant que Maduro va lancer des missiles contre l'Espagne. En réalité, la source du site noticiasopinion.com en est une autre, c'est la chaîne de télévision d'extrême droite colombienne Caracol et son article intitulé "Nous ne sommes les mendiants de personne: Maduro refuse l'aide humanitaire et annonce le déploiement des armes" ( https://noticias.caracoltv.com/mundo/no-somos-mendigos-de-nadie-maduro-rechaza-ayuda-humanitaria-y-anuncia-despliegue-de-armamento , consulté 10-02-19). Dans cette note apparaissent les supposées paroles de Maduro ("Vamos a desplegar todo nuestro sistema de armas, artillería, todo el sistema'misilístico"), que reprend plus tard noticiasopinion.com mais qui avec son en-tête, sort du contexte et le fausse. 

 

La question est très logique, le site de fausses nouvelles colombien noticiasopinion.com se nourrit des notes de Caracol. Pourrions-nous disculper cette dernière? On sait qu'il se caractérise par la couverture négative de tout ce qui a trait à la révolution bolivarienne, mais sera-t-il responsable des fausses nouvelles qui sont élaborées à partir de ses notes? Peut-être que noticiasopinion.com n'a rien à voir avec Caracol, mais selon les manuels de guerre asymétrique, il se pourrait bien qu'un média "sérieux" se développe et ait une expression clairement vouée aux fausses nouvelles ; c'est-à-dire, le média sérieux garde les formes alors que sa franchisée obscure, créée récemment et sans autre motif que la diffusion de fausses nouvelles, fait le sale boulot. Au final il n'a rien à perdre et pourrait disparaître demain. Ce serait une situation similaire à celle d'une armée régulière qui est obligée de garder les formes et voit donc la nécessité de créer un corps paramilitaire de mercenaires chargés de la torture et d'autres sales pratiques; en fin de compte, l'armée régulière peut se laver les mains et dire devant l'opinion publique "je n'y était pas" ; tel est le cas des armées des puissances occidentales et de l'Etat islamique. 

 

Peut-être que oui, peut-être pas. Mais dans cette guerre impérialiste, il vaut mieux se méfier.

 

Traduction Bernard Tornare

 

Source en espagnol

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page