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La stratégie de la faim

par Bernard Tornare 26 Août 2019, 17:37

Illustration: un enfant en état de malnutrition attend d'être vu par un médecin au Congo, le 15 mars 2018. | THOMAS MUKOYA / REUTERS

Illustration: un enfant en état de malnutrition attend d'être vu par un médecin au Congo, le 15 mars 2018. | THOMAS MUKOYA / REUTERS

Par Carolina Vásquez Araya


La misère dans laquelle vivent des millions d'êtres humains n'est ni naturelle ni justifiable.

 

Dans ma mémoire, l'image du port de Valparaiso couvert de bananes persiste encore. Le navire a été retardé et cette montagne de fruits en parfait état allait être détruite à moins que les habitants de la région réussissent à la sauver. Je me souviens aussi des milliers de tonnes de produits laitiers jetés à la mer par une entreprise américaine pour " maintenir le prix du produit " et protéger ainsi un système commercial sur mesure. La faim, dont les effets dévastateurs tuent des millions d'êtres humains dans le monde, n'a aucune justification.

 

En réalité, le système politique imposé par un cadre rigide d'intérêts corporatifs ne laisse aucune place aux actions indispensables des Etats visant à satisfaire les besoins fondamentaux de la population. Du fait de ces accords qui se chevauchent, une augmentation du nombre de citoyens contraints de vivre en dessous du seuil de pauvreté est inévitable. Parmi les conséquences de ce déséquilibre dans les priorités des gouvernements gouvernés par un néolibéralisme extrême qui s'est enraciné dans la plupart des pays d'Amérique latine, il y a aussi la perte accélérée de biodiversité en vue de l'exploitation des ressources, dont les effets ont un impact non seulement sur l'environnement mais aussi sur les possibilités de développement des pays et sur la qualité de vie de leurs habitants.

 

Dans la destruction de l'Amazonie brésilienne - un réservoir d'oxygène et de biodiversité dont la protection devrait avoir la priorité absolue du gouvernement brésilien et des pays voisins, dont les territoires sont également touchés - on peut voir à quel point les intérêts des entreprises vont jusqu'à mettre en danger la vie même de la planète. En d'autres termes, tant que les projets extractifs et agro-industriels ont le pouvoir de conditionner les décisions gouvernementales, la conservation d'un des territoires déjà considérés comme patrimoine de l'humanité n'est plus importante, mais aussi la survie des communautés autochtones qui l'habitent, qui ont subi persécution, expulsion et assassinats de leurs dirigeants.

 

La stratégie de la faim dans les pays en développement a été efficace et a réussi à neutraliser la force du facteur humain, avec une formule propice à démanteler toute tentative de renverser le système imposé par les pays industrialisés à ceux soumis aux règles dictées par les organismes financiers et les organisations multinationales. C'est-à-dire que les propriétaires légitimes des territoires ont observé depuis les gradins comment les grandes corporations ont pris possession de leur eau, de leur terre, de leur air et de tous les minéraux qui leur sont utiles pour obtenir d'immenses profits ; tout cela, grâce aux lois, aux accords, aux traités et aux ressources juridiques ad hoc pour transformer la dépossession en bonne nouvelle: les incitations aux investissements étrangers.

 

Pendant ce temps, ce large contingent de citoyens dont les déficiences les poussent à accepter toute aumône déguisée en programme d'aide sociale, ignore les détails de l'entreprise et se trouve donc dans une position de dépendance, pratique pour leur gouvernement de prendre des décisions ouvertement nuisibles aux intérêts nationaux, sans que l'opposition - déjà affaiblie par le manque de soutien populaire - ait le moins de répercussions dans le contrôle de ces actions. S'il existe un outil capable de corriger le cours des nations, c'est bien l'organisation citoyenne; et comprendre que si l'avenir de la planète est menacé, ses habitants le sont aussi.

 

LES DÉCISIONS POLITIQUES QUI NOUS CONCERNENT SE PRENNENT DANS LES BUREAUX DES GRANDES MULTINATIONALES.

 

Traduction Bernard Tornare

 

Source en espagnol

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